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Le bal des clebs

Le bal des clebs


Texte de Mohamed Mehdi SIKAL
Traduction de Mustapha KOUARA


Il lisait à l’intention de sa promise sa nouvelle histoire qu’il venait d’écrire. Le titre semblait particulièrement la rebuter non parce que les chiens n’ont pas une danse particulière, mais parce qu’elle lisait par-delà l’épaisseur des mots l’influence de l’oeuvre de Naguib Mahfûz « Le Voleur et les Chiens » sur la plupart des lecteurs des années soixante du siècle dernier. Pour sa défense, il invoquait l’effet psychologique de la métaphore tel qu’il l’avait appris dans les cours des figures de rhétoriques :
- A vrai dire, je n’ai jamais entendu parler d’une danse des clebs, mais le lecteur éclairé en saisira toute la portée. Il est à même de faire la différence entre la fidélité des canidés et leur scélératesse.
Elle semblait n’avoir aucune oreille à ce qu’il disait. Autant elle, elle tenait à l’éloigner de ses camarades opposés à l’appel au repentir, autant lui, il s’obstinait à vivre avec sa mémoire :
- Ça fait bien une éternité que nous sommes fiancés ! Ne vois-tu pas qu’il est temps de songer à avoir un toit pour nous deux ?
Ces questions demeurèrent sans réponse. À vrai dire, il lui tenait à coeur de la convaincre quant à l’authenticité du sujet de la nouvelle histoire. C’était sa propre histoire ! Il l’avait vécue dans toutes ses péripéties au vu et au su des honorables invités à cette maudite fête. Comment lui expliquer le sort qu’il avait à subir et que même un ennemi ne saurait souhaiter à son ennemi ?
Elle s’empressa de partir à la faculté. Son départ lui offrit l’aubaine de se retrouver momentanément avec lui-même, loin des allusions sardoniques. Ah ! si elle pouvait deviner ce qu’il endurait chaque jour !... Il abandonnait sa tête à l’oreiller. Il bouillonnait comme un chaudron et se sentait pris dans un cercle fermé. Il parlait de cette nuit funeste passées dans le milieu des « grands », lors d’une cérémonie d’adieu en l’honneur d’une personnalité éminente dont le mandat, disait-on, s’était expiré comme s’expire la date d’utilisation d’un produit. Jamais l’occasion de voir de près les éminents ministres ne se serait présentée à lui s’il ne s’était pas rendu par la force des choses à la capitale. Toutes les voies d’accès à un emploi administratif lui avaient été barrées. Pourtant, C’était l’un des meilleurs lauréats de l’Institut Supérieur de Gestion Politique. Il passait une nuit des plus longues et des plus tourmentées à cogiter sur le parti à prendre pour le lendemain. Fallait-il oui ou non y aller ?
Il arrivait très tôt en même temps que les employés d’un traiteur. Il était beau de visage et il avait de la ligne. Le maître de cérémonie en personne l’avait invité et l’avait désigné pour cette tâche ingrate de servir du thé aux honorables conviés. Il lui dit que tout était à son honneur de servir le thé aux ministres avant d’ajouter en arborant un sourire :
- Je voudrais que ta mise soit dûment soignée. Circonstances exigent ! Abbès prendra en charge de te trouver les vêtements à la mesure de l’événement. Alors ne me fais pas rougir le visage.
Il allait lui demander s’il ne pouvait lui confier une tâche autre que celle de serveur. Il remuait à peine les lèvres lorsqu’il se rappela les paroles de sa mère qui lui conseillait souvent de ne pas lâcher bride à sa langue qui le démangeait. En effet, il ne pouvait la tenir quand il s’agissait de parler à demi-mot ou encore moins de faire des révélations. Il ne pouvait cacher son étonnement à l’idée que maintenant sa bouche était bâillonnée par la crainte de voir se déchaîner sur lui toute la colère du maître de cérémonie.
Il avait peine à dormir. Il pâtissait de l’insomnie à force de penser. Il désirait tant sombrer dans un sommeil profond afin de ne plus songer au rendez-vous du lendemain. Il redressa son médius et le pointa vers sa tenue quotidienne accrochée au mur. Il ne tarda pas à le voir pointé vers sa poitrine. Une voix se faisait entendre dans la seule pièce de la terrasse de l’immeuble ; elle provenait de la tenue :
- Avec moi au moins, ta dignité était sauve.
La dernière lettre lui restait de travers dans la partie postérieure de son gosier. Il soliloquait à haute voix.
Il me révéla tout sur cette nuit. Je saisis en l’écoutant que tous les faits, aux moindres détails près, étaient à jamais gravés dans sa mémoire. Il ne s’était jamais imaginé qu’il pouvait céder, à son grand dam, même lors de cette cérémonie d’adieu d’une personnalité éminente. Il arriva très tôt en même temps que des jeunes qui ne faisaient pas partie auparavant de l’équipe du traiteur. Etait-il plus âgé qu’eux ? Difficile de les distinguer par l’âge. Ce qu’ils avaient pourtant en commun, c’était la grâce de leur visage. Abbès lui dit d’essayer un costume qu’il lui avait choisi. La couleur verte allait à merveille avec le teint de son visage ! En réalité, Abbès n’avait en tête que ce qui pouvait convenir à la circonstance.
- Il y aura des ministres, des secrétaires généraux et d’autres hauts fonctionnaires. Qui sait ? Une surprise n’était pas à écarter, disait-il tout en avalant la salive.
Les invités tardaient à venir. Ils se plaisaient à se faire interminablement attendre. Cloué au même endroit pendant plus de quatre heures, mon ami éprouvait le besoin pressant de vider sa vessie pleine à éclater. Comment déclarer ce besoin urgent? A qui s’adressait-il ? Plus se prolongeait l’attente, plus s’aiguisait la douleur.
Le hasard fait bien parfois les choses !... Abbés fit une irruption éclair pour le mettre au courant des formes à observer lors de la réception des invités. Mon ami avait du mal à retenir les quelques gouttes qui parvenaient à glisser à travers le canal et venaient se déposer pour mouiller l’étoffe revêche de sa culotte. Au retour, il se vit encore une fois contraint à rester cloué plus de trois heures avant que n’apparût le premier arrivant qui avait à sa suite de nombreuses personnes. Il ébaucha un large sourire et sentit se poser sur lui le regard de la personne qui l’examinait des pieds en cap. Il tremblait de peur de décevoir. Il aimerait bien se mettre devant une glace pour voir quel air prenait son sourire sous le fard de la complaisance. Puis arrivaient tour à tour le deuxième, le troisième, le quatrième, le cinquième… Tous l’avaient regardé d’un même point de vue ; tout le monde lui lançait un sourire. Il reprenait confiance en lui-même. Il inclinait chaque fois la tête pour répondre à quelque chose qui ressemblait à un salut. Par bonheur, il s’en était tiré brillamment de l’épreuve. Autrement, il se serait vu renvoyé, chapitré. Et il s’en serait mordu le doigt. Mais ce jour-là, il avait toute la faveur de la Providence. Des sept jeunes, trois seulement furent choisis pour servir dans la grande salle privée. Mon ami ne se doutait de rien quand une main aux doigts caressants passait dans la raie de son derrière. Il ne s’était pas retourné pour comprendre ce qui s’était passé. Mais il vit en se retournant monsieur le ministre qui le suivait d’un bon pied. Il sentait une sueur froide dans le dos. Jamais il ne se sentait si offensé, la colère rongeait ses tripes. Mais il ne savait comment réagir. Fallait-il répliquer à l’offense et crier au scandale ? Soudain, il aperçut le premier des jeunes entre deux hommes qui lui parlaient comme s’il avait été l’un d’eux. Il ouvrait grands les yeux pour mieux observer. Le jeune lui paraissait ballotter entre ces mains qui le cajolaient.
Quelques instants plus tard, un rideau se leva ; on vit un orchestre aux yeux bandés. Comment allaient-ils jouer ? La réponse ne tardait pas à venir. On commençait par accorder les instruments, violon et luth. Ils se préparaient à attaquer une chanson de « l’Atlas ». Il reconnaissait le morceau au premier coup d’ouverture du bendir. Les verres ont été distribués sans qu’aucune goutte de thé ne fût versée. Il se posait la question de savoir quelle boisson prendraient les honorables invités. Le fil de sa pensée fut coupé court par le geste du premier jeune qui tendait sa main vers une bouteille de whisky. Une voix devenue familière lui lança :
- Toi, tu serviras de l’autre côté, à gauche de l’orchestre. Sois très attentif, lumineux et surtout aimable avec les honorables hôtes. Qui sait ? La chance pourrait te sourire. Il est même possible que tu entres dans les bonnes grâces d’une main qui t’ouvrira la voie vers un bel avenir.
Il poussa un soupir très profond entremêlé d’une envie de rire de ce corps d’homme efféminé. Il avait peur qu’on le jugeât mal dans cette fête honorable. Malgré tout, il céda.
Il me confia qu’il avait passé des moments horribles où il devait sans relâche supporter les harcèlements d’un personnage extravagant, mais des plus notables du pays. Il aurait aimé que la terre l’engloutît que de parler de ces moments où il se laissait cajoler le derrière. Au début, il expliquait cela par l’effet de l’alcool, car d’ordinaire ceux qui sont ivres perdent complètement leur lucidité. Il faut toujours s’attendre au pire avec eux ! Il découvrit finalement qu’il avait affaire à une bande de pervers. Dans la confusion orgiaque, il lui était difficile de savoir qui baisait qui. J’esquissai un sourire à la fin de son récit en disant : malgré toute l’éminence de ton savoir qui t’a permis d’avoir ta licence, on t’a eu !
Je l’interrompis sans même lui laissant le temps d’achever l’histoire de cette maudite soirée. Et avec tout le sérieux et en hochant la tête, il ajouta pourtant:
- Tu sais ? Dans un bal de clebs, les dogues deviennent les virtuoses de danse exécutée au plus haut degré de perfection.

Texte de Mohamed Mehdi SIKAL
Traduction de Mustapha KOUARA

 

Odeur de femme et de diable

NOUVELLE
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Odeur de femme et de diable
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Un jour, tu m’as demandé comment il se faisait que je m’abstenais de consacrer mes besoins à l’odeur de femme, chaque fois que s’aiguisait le désir par manque du corps féminin. Je croyais que tout le problème pour toi était de savoir dans quelle mesure je te restais fidèle. Pourtant, l’envie sexuelle était bien loin de s’emparer de ma pensée. Tu n’admettais pas la véracité de mes propos, et tu continuais à me harceler obstinément en rabâchant la même question. Ah ! si tu pouvais imaginer la triste épreuve que j’endurais dans ce "bled" tout à fait au nord, entre une salle de classe et la plus proche localité urbaine qui se trouvait à deux heures de marche ; encore fallait-il que les pieds fussent bien chaussés ou bottés. Là au moins on pouvait boire à discrétion de l’eau potable et utiliser pour l’éclairage de l’électricité.
Comme moi, les enfants de moins de dix ans parcouraient le chemin fatidique et ennuyeux en été sous la chaleur torride et en hiver sous la pluie torrentielle . Tout tremblants et tout mouillés comme un oiseau sans abri , ils arrivèrent en classe après avoir pris les sentiers montagneux les plus tortueux et les plus ardus . Mon sort au moins était meilleur puisque je pouvais rester sur place en contemplant le temps qui changeait . D’ailleurs , je ne quittais le lieu où j’étais que pendant les vacances prévues officiellement dans le calendrier ou décidées occasionnellement .
Je me réjouissais comme ces enfants à l’annonce imprévisible des vacances par les hautes instances administratives .
Au fond de ce rectangle en ciment, j’ai choisi un petit coin pour ma retraite. Du papier en carton provenant des caissons d’huile et de sucre rassemblés par-ci et par-là servait de cloison me séparant des tables du fond, branlantes et vermoulues.
Mon lit ne supportait pas la fébrilité de mes mouvements. Quand j’avais des rêves tellement affreux qu’ils devenaient nauséeux, un monticule de restes des pièces de bois s’élevait au-dessus de la terre. Dix années déjà s’étaient écoulées sans que rien n’eût changé!
devant moi, s’érigeait ma bibliothèque de roseau dont les étagères supportaient à peine le peu de livres que j’étais parvenu à garder. Ils étaient mes compagnons d’une longue marche entreprise dans le dessein de préparer le baccalauréat. Espoir de tout instituteur ! Bouée de sauvetage qui permettrait de sortir du terrible isolement !
Tu reviens pour t’enquérir une nouvelle fois de mon triste sort. Au moment où la nuit tombante se gâtait, au moment où je me mettais dans mon lit, je n’entendais que les aboiements de chiens ou le bruissement des feuilles d’arbres. Si j’ai bien en possession tous les artifices narratifs, je t’aurai raconté des choses à la mesure de mes souffrances dans ma solitude. Sais tu que le silence a, dans la mélancolie du solitaire, la résonance d’un écho?
Monsieur le directeur de l’école déclarait que nous étions de braves soldats dans l’ombre et que nous oeuvrions sans tambour ni trompette, pour le bien de la nation et par amour de Dieu. Il tenait ces propos de monsieur l’inspecteur qui lui-même les tenait de son excellence monsieur le ministre. Nous avons vraiment ri de ce chef d’établissement qui, à son tour, avait fait autant de monsieur l’inspecteur. Quant au ministre, je ne te dirais pas ! Il était convenu à l’unanimité qu’il se mettait en boîte lui-même en lisant son discours à l’ouverture de chaque saison scolaire. Puis-je te dire que le diable avait le cœur bon, coeur qu’il avait sur les lèvres, plus que n’avait le bonhomme? Il me tenait compagnie pendant le sommeil comme à l’éveil. Il me tentait, m’incitant à l’onanisme afin que je puisse me débarrasser de cette charge calcifiante. Au fond de moi-même, cela me dégoûtait de recueillir dans ma propre main la flasque sève du plaisir. Le diable bienveillant tenait absolument à me faire miroiter les vagues ondoyantes d’un corps et s’infiltrait dans ma « chambre », à la faveur de mon assoupissement alors que j’avais déjà mis ma tête sur l’oreiller. Il m’emportait dans un monde merveilleux et me jetait dans les bras d’une vénusté. J’étais alors dans une autre chambre luxueusement meublée. Qui dit que l’inconscient est le royaume de l’illusion dit un mensonge. L’allumette récalcitrante se refusait à prendre feu ; elle ne semblait faire qu’à sa tête humectée et froide. Le noir reculait devant la lueur de la bougie dont la flamme faisait songer à la pointe dorée d’une hallebarde. Je savais où je pouvais trouver le petit coin, mais je ne pouvais sortir par ce temps pluvieux. Je me souviens encore de ce qu’avaient enduré les habitants de la bourgade en prise avec leurs besoins quotidiens. A côté de chaque maison en pisé était creusée une fosse en guise de réceptacle des eaux résiduelles et matières fécales. Dès qu’une fosse était remplie on devait songer déjà à en creuser une autre. Je disais, non sans une pointe d’ironie, à un parent d’élève :
- j’imagine le village une sorte de plaque sur un volcan d’ordures. Il déliait sa langue et partait en injures contre le makhzen et contre les élus :
- Ils invoquent, supplient en faisant de fausses promesses pour avoir nos voix. Dès qu’ils les ont, ils se prennent pour les bons dieux pharaoniens. J’ai pris quelques feuilles de vieux cahiers ; je ne pouvais sortir. Mes besoins faits, je retournais au lit pour le reste de la nuit .



Texte en Arabe de : Mohamed Mehdi Sikal

Traduction de : Mustapha Kouara

http://www.arabswata.org/forums/showthread.php?t=1156

 

Rien qu ' en pensant à toi

Mohamed Mehdi SIKAL




Rien qu ' en pensant à toi


Pour ne penser qu’à toi ...
Tout le long du chemin sans fin
Perdu en plein vacarme
J’ai tout délaissé …
Même ma foi
Déjà oubliée
En un dieu seul
Fut blessée
Pour ne penser rien qu’à toi …
Katy bien aimée
Il y a bien longtemps
Dès ce premier regard
Jaillissant comme d’un miroir brisé
En un clin d’œil si bizarre
Si ardent ;
Je fus à jamais
Ton délirant ….
Malgré l’oubli
Je n’ai cessé de voir ton visage
Régnant sur toutes les images
A travers ces femmes en noir
Qui passèrent sans trace
Malgré l’envie de chaque soir
De surpasser ce désir cruel
Je suis resté aux pieds du rocher
Englouti au fond de ma solitude
Ton possédé
Katy l’âme de mon âme
Ma folie bien aimée
Au goût de mes larmes
Depuis toujours
L’attente amère de ton ombre
M’envahit sans crépuscule
Et ….
Abattu face à une peur si sombre
De te perdre
En permanence
Sans rêves sans espérances
Je ne cesse de prier ce soleil perdu
Au large du néant
Pour ton retour, pour ta présence ….

Mohamed Mehdi SIKAL

 

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